Le PER Plan d’épargne retraite vient de souffler sa cinquième bougie en octobre, marqué par un succès populaire, mais toujours avec des défis persistants. Le PER a rapidement séduit les Français par sa flexibilité, sa fiscalité avantageuse ainsi que par la possibilité de regrouper différents produits d'épargne retraite existants.
Encours, contrats souscrits, nouveaux PER et coûts
Lancé en 2019, le PER a rapidement séduit les épargnants, dépassant les 100 milliards d'euros d'encours début 2024. Si une partie de cette croissance est due aux transferts d'anciens contrats, le produit a généré près de 40 milliards d'euros de nouveaux placements au printemps 2024, un succès de taille pour un placement plus ou moins récent. Notons que ce sont surtout les PER assurance qui sont les plus populaires et qui séduisent le plus les épargnants, comparés aux PER compte-titres. Ce, du fait de leur double poche : en fonds en euros et en unités comptes.
6.5 millions d’épargnants ont souscrit à des PER individuels à ce jour, et près de 3.5 millions de salariés et de cadres ont ouvert un PER collectif ou un PER obligatoire. La fréquence moyenne d’ouverture de ce Plan est comprise entre 60 000 et 80 000 nouvelles souscriptions.
Par ailleurs, l'engouement pour le PER a suscité une véritable concurrence entre les établissements financiers qui proposent aujourd'hui près de 90 contrats individuels, contre une vingtaine à ses débuts.
Notons que le PER n’est pas seulement un contrat destiné à capitaliser pour la préparation des vieux jours, mais aussi à réduire l’impôt sur le revenu. Cela grâce à la déductibilité des versements. Ainsi, le PER a coûté au moins 1.8 milliard d’euros à l’État en termes d’avantages fiscaux en 2022. Avec son succès sur les dernières années, ce coût suit une courbe ascendante, ce qui a été relevé par la Cour des comptes dans son rapport. Selon cette dernière, le PER coûte cher aux pouvoirs publics. Voyons cela plus en détail dans le paragraphe ci-après.
Les points saillants du rapport de la Cour des comptes
Bien que le PER soit l’outil complémentaire par excellence pour préparer sa retraite, il reste du chemin à faire pour amener la majorité de la population française à y souscrire. En 2022, l'épargne retraite ne représentait qu'une faible part des cotisations et des pensions versées. Seuls 13% des actifs détenaient un PER d'entreprise et 10% un produit individuel. De plus, moins de la moitié des détenteurs de PER ont effectivement cotisé au cours des périodes de turbulences économiques (pandémie, inflation).
Les 5,5 millions d'adhérents à des dispositifs d'épargne retraite individuels et les 10,5 millions à des contrats collectifs sont principalement issus des catégories socio-professionnelles favorisées, des tranches d'âge supérieures et des contribuables fortement imposés. Cette tendance est renforcée par les nouveaux produits d'épargne retraite, qui sont davantage souscrits par des personnes à hauts revenus. De plus, l'accès aux produits collectifs est inégalitaire, étant plus fréquent dans les grandes entreprises.
Quels sont les enjeux pour l’avenir du PER ?
Face à ce rapport de la Cour des comptes d’un côté, et à la nécessité de démocratiser le PER auprès des épargnants de l’autre, l’État est aux prises avec un dilemme cornélien. Il est nécessaire de poursuivre les efforts de simplification pour rendre le PER encore plus accessible au grand public. De même, une meilleure information du grand public est indispensable pour aider dans le choix du Plan le plus adapté. Le PER doit être capable de se réinventer pour répondre aux nouveaux besoins des épargnants et aux évolutions de la société.